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           Quelques programmes

DUPARC

Intégrale des mélodies

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Nous avons voulu proposer un parcours qui permette de découvrir ou de connaître mieux la destinée singulière de ce compositeur. Sa vie de souffrances s’est construite dès sa jeunesse autour de symptômes inexplicables, d’autant plus chez ce tempérament apparemment fort, typique de ces hommes grands et joviaux desquels on attend une santé de fer.

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Si l’aide précieuse que nous avons trouvée dans l’admirable travail de Rémy Stricker aura été un guide important, nous avons choisi, en émaillant la succession chronologique des mélodies dont vous trouverez les poèmes dans le livret ci-joint, par des textes issus de ses lettres, de celles de sa famille, d’extraits d’articles, de donner des pistes de lectures à l’auditeur, afin qu’il puisse entrer peu à peu dans les aléas de cette vie marquée par les contradictions, du bouillonnement créatif et torturé au renoncement si long et douloureux le menant à regretter de devoir vivre si longtemps dans de telles souffrances.

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De sa fidélité à une longue tradition familiale catholique et réactionnaire à son admiration pour le romantisme en particulier baudelairien, de son amour inconditionnel pour la musique allemande et en particulier celle de Wagner qu’il a rencontré plusieurs fois, à son patriotisme flamboyant lui faisant revendiquer nombre de teutons envoyés ad patres, notre impression, au fur et à mesure que nous entrions dans son univers, fut celle d’un être torturé par ces contradictions, malade de ne pouvoir prendre clairement position entre des pôles inconciliables. La démarche religieuse, puis quasi mystique (d’un mysticisme très « soubirien »), qui a accompagné la longue deuxième partie de sa vie aura été celle du renoncement au romantisme, et par conséquent celle de l’acceptation progressive de la fin de son activité créatrice.

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Ces contradictions nous ont paru d’autant plus insupportables à vivre pour un auteur qui, à chaque pas de notre progression dans son œuvre, nous faisait avancer dans un comportement de plus en plus « chambriste », donnant à l’enchevêtrement des intentions, des couleurs, des rythmes, des phrases, une telle importance que nous étions emportés de plus en plus loin dans une intimité étonnante entre deux instruments traités parfois de façon résolument différente, tout en étant implacablement menés à « chanter » l’autre aussi.

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Cet accompagnement rend possible une appréhension et une écoute différente de ces mélodies, parfois prédictions, parfois lecture du présent. De ce point de vue, le choix du chronologique, qui n’a pas été celui de Duparc lors de l’édition définitive de 1902, nous a paru très porteur de sens. En revanche, nous avons voulu respecter le choix qu’il a fait de laisser à la postérité 13 mélodies sur les 17 qu’il avait composées. Ce choix, qui correspondait à celui que nous aurions fait par appétence, nous paraissait fort judicieux.

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L’invitation au Voyage

Le Manoir de Rosemonde La Vie Antérieure

Chanson triste
Sérénade florentine
Soupir
Au pays où se fait la guerre
L’invitation au voyage
La vague et la cloche
Élégie
Extase
Le manoir de Rosemonde
Phidylé
Lamento
Testament

La vie antérieure

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       VOYAGES HALLUCINÉS

 

Invitation en l’enfer des paradis artificiels :

Le romantisme aura été un grand pourvoyeur d’hallucinations.

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Nous avons choisi de partir du Wintereise, qui reste pour nous une sorte de fil rouge autour duquel

nous construisons nos aventures, d’en extraire les moments les plus insensés, afin de les

entrechoquer avec les moments délirants du finale des Dichterliebe, et avec les évocations les

plus féeriques des mélodies de Duparc.

Il s’agira d’une schubertiade hallucinée, plus proche des réunions entre Baudelaire, Gauthier et

leur amis des paradis artificiels que des aimables rencontres que l’on qualifie en général sous ce

terme.

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Schubert, Wintereise :

die Wetterefahne (2), der Lindenbaum (5), Täuschung (19), die Nebensonnen (23), der Leierman (24)

Ausgewählte Lieder : der Erlkönig

 

Schuman, Dichterliebe :

ich hab’ im Traum geweinet (13), Allnächtlich im Traume (14), Aus alten Märchen (15), Die alten bösen Lieder (16)

 

Duparc, mélodies :

L’invitation au voyage, La vague et la cloche, Rosemonde, La vie antérieure

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Afin de pénétrer au plus loin en ces autres mondes, ces pièces seront scandées par des lectures d’extraits des paradis artificiels de Baudelaire, de poèmes évoquant ces univers (Lautréamont, Baudelaire, Victor Hugo...), et par la projection de peintures inspirées par ces moments de vision.

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       DON QUICHOTTE

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Don Quichotte est revendiqué partout, c’est le roman le plus traduit après la bible, c’est un mythe fondateur primordial pour nombre d’entre nous. Cette quête d’un graal si peu évoqué, masqué par la prééminence des aventures, ou obtenu, grâce à cet humain nouveau que construit l’aventure ? 

Cela évoque un personnage né lui aussi au XVI° siècle, un personnage comique, comme le roman de notre ingénieux hidalgo : le clown. DQ peut être considéré comme  le père des clowns, en ce qu’il se ridiculise par des actes outranciers, parce qu’il ridiculise une façon de respecter à la lettre une foi inepte, tout en entrant de plein pied dans une contradiction qui en a fait cet immense mythe : ce qu’il défend ainsi ouvre un troisième tiroir, ce tiroir qui nous rend les clowns si aimables ou si insupportables, celui qui nous a séduits d’emblée, c’est que les valeurs de l’amour courtois sont si belles et si dignes qu’elle traversent le ridicule sans perdre une once de notre admiration.

 

Ainsi nous pouvons aimer l’immense personnage,  père des poètes et des fous, père des idiots et des génies, et réunir les opposés, non pas résoudre la contradiction mais en faire un point d’appui, et remercier Cervantès de nous avoir appris à quel point le monde est complexe, à quel point il est possible, il est nécessaire de prendre comme modèle un personnage si difficile à cerner, si empli de doubles sens, de références, de profondeurs qui nous échappent….

C’est sur ces bases que s’appuie la dramaturgie construite par Johan Roussey, qui nous a mis en scène pour ce Don Quichotte ou pathos, ridicule, foi, aveuglement et clairvoyance s’entremêlent et viennent proposer une vision originale de ce mythe si primordial et partagé.

 

La scénographie simplifiée est prévue pour s’adapter à toutes sortes de lieux : la première a eu lieu dans une chapelle baroque, dans un dispositif minimaliste. Nous construisons une version élaborée pour des scène plus théâtrales, mais nous tenons à proposer cette forme légère qui peut s’adapter aux lieux les plus divers.

Il s’agit d’un spectacle chanté, joué, dansé, qui va du burlesque au sublime en s’appuyant sur des œuvres musicales extraordinaires : Ravel, Ibert, De Falla, Massenet, ainsi qu’un clin d’œil à Brel et à Mike Leigh, le compositeur de « Man of la Mancha », qui l’a inspiré.

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Dramaturgie, mise en scène : Johan Roussey

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HISTOIRES DE NATURE

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« Le Voyage d’hiver de Schubert scandera les mélodies d’abord paysagères, puis

animalières, que nous avons choisies.

Nous visiterons ainsi trois mélodies de Duparc, avant d’entrer dans une magnifique

réserve animale grâce au bestiairede Poulenc et Apollinaire, puis aux surprenantes

Histoires Naturelles de Ravel et Jules Renard.

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Ce parcours sera éclairé par un récit permettant de passerd’une atmosphère,

d’une saison dans l’autre, mais aussi d’expliciter cette délicate alliance entre

nature et animalité, légèreté et profondeur, souffrance et ironie, romantisme et

surréalisme. »

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Schubert Gute Nacht (Voyage d’Hiver op. 89, n°1)

Duparc L’invitation au voyage

Phidylé

Schubert Der Lindenbaum (Voyage d’Hiver op. 89, n°5)

Duparc La vie antérieure

Schubert Die Krähe (Voyage d’Hiver op. 89, n°15)

Poulenc / Apollinaire Le bestiaire

Ravel / Renard Histoires Naturelles

Schubert der Leiermann (Voyage d’Hiver op. 89, n°24)

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       POULENC ET ELUARD

 

La collaboration entre Poulenc et Eluard est l’occasion, autour d’un geste poétique

central au XXème siècle, et de la naissance d’une musique originale chez Poulenc,

d’une exigence implacable et d’une profondeur impressionnante, aussi éloignée de

la tranquille grâce d’un bestiaire ou des gaillardes que de la spiritualité intense d’un

Dialogue des carmélites ou de la folie des mamelles de Tirésias.

« On ne saura jamais assez tout ce que je dois à Ä–luard, tout ce que je dois à

Bernac. C'est grâce à eux que le lyrisme a pénétré dans mon œuvre vocale. Le

premier à cause de la chaleur de ses images, le second grâce à son admirable

compréhension musicale et surtout à ce qu'il m'a appris de l'art du

chant au cours de nos années de travail. »

Cet hommage de Poulenc à Eluard, entremêlé d’une belle déclaration à sa muse

Bernac, nous a confirmé que le désir de monter les mélodies de Poulenc sur les

vers d’Eluard avait un sens important.

L’amitié entre ces deux hommes, le  « moine et voyou » d’une part, et le surréaliste

communiste d’autre part, a été le ferment d’une production étonnante, peu donnée

car très originale et sortant des sentiers battus.

Cette amitié est une de ces rencontres permises par ce siècle fait d’oppositions, de

tensions, d’extrêmes qui s’affrontent. Mais ici, ces deux représentants de milieux si

différents ont trouvé un endroit où exprimer cette tension avec un extraordinaire

raffinement : qu’il s’agisse de « tel jour telle nuit » ou du « travail du peintre », ou

des « cinq poèmes », cette rencontre nous mène dans un monde jusqu’alors

inconnu, qui raconte avec une acuité immense la substantifique moelle artistique

de ce XX° siècle si prolifique et excessif.

Nous proposons de terminer cette aventure avec les chansons gaillardes qui, avec

leur truculence et leur légèreté, viendront déranger avec soin le sérieux et

l’intensité du reste du programme.

 

Tel jour telle nuit

Le travail du peintre

Les cinq poèmes de Paul Eluard

Les chansons gaillardes

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